PLANTATION (AGRICULTURE DE)

PLANTATION (AGRICULTURE DE)

PLANTATION AGRICULTURE DE

L’agriculture de plantation implique classiquement d’une part l’intervention de promoteurs étrangers, la population locale ne participant ni à la conception ni à la conduite de l’exploitation, d’autre part des cultures faites en fonction des besoins du marché d’un ou plusieurs pays dominants. Lorsque les promoteurs sont des nationaux (nouveaux "estates" de l’Est africain, plantations indiennes de l’Assam, fazendas brésiliennes), leurs exploitations n’appartiennent pas à proprement parler à la catégorie des plantations car il arrive qu’elles soient orientées vers la satisfaction du marché intérieur et qu’elles n’aient pas de liens financiers avec des pays dominants. Il est certain qu’à partir de ce cas toute une gradation existe, de l’indépendance réelle à la dépendance intégrale.

Les incidences de l’agriculture de plantation du point de vue foncier sont différentes de celles des latifundia féodaux. Elle occupe certes des superficies importantes: en Amérique centrale, la United Fruit possède un million d’hectares. Le reproche a pu fréquemment lui être fait, au siècle dernier et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, de réaliser une exploitation minière des sols et de n’utiliser que des fractions mineures de domaines immenses où la mise en réserve ne laissait aux paysans, au mieux, qu’un droit d’usage précaire.

Dans la mesure où elle pousse assez loin la mécanisation, il est certain qu’elle peut provoquer un chômage technologique et qu’elle paraît, en première analyse, priver de terres de nombreux agriculteurs.

Si l’on ajoute à ces critiques celles plus globales, qui lui sont faites (incidence déterminante sur l’économie nationale, donc vulnérabilité de celle-ci aux fluctuations du commerce, prolétarisation de la main-d’œuvre, effet détériorant sur les cultures paysannes avoisinantes), on saura les raisons pour lesquelles les gouvernements de pays tropicaux ont, dans nombre de cas, souhaité la disparition des plantations.

La tentation de les supprimer, non seulement en tant que propriétés étrangères, mais aussi en tant que grandes propriétés, doit cependant être atténuée par la prise en considération des résultats techniques et économiques (revenus d’exportation) extrêmement positifs que les plantations ont permis d’obtenir dans certains pays (Institut de Buitenzorg en Indonésie): les rendements de sucre sont passés de 2 à 15 t/ha à Java depuis la création des plantations. Au Sri Lanka, les importations, pour 50 p. 100 de l’alimentation du pays, sont financées par les revenus d’exportation des plantations employant seulement 10 p. 100 de la population; d’autant plus que les plantations mènent, comme c’est le cas en Amérique centrale (United Fruit) ou au Liberia (Firestone), une action de diffusion des méthodes de productivité dans le paysannat.

Récemment, un effort intéressant a été effectué par de nombreux gouvernements pour établir une interaction positive entre agriculture de plantation et paysannat. Un certain nombre de cultures, telles que cultures arbustives (thé, café, cacao, canne à sucre), réalisent leur optimum économique dans le cadre de grandes plantations situées autour d’unités agro-industrielles d’usinage ou de traitement dont elles assurent la rentabilité.

Ces unités agro-industrielles peuvent traiter un complément de production assuré par le paysannat des alentours; ce paysannat peut bénéficier d’une aide de la plantation centrale en ce qui concerne la fourniture de matériel végétal et d’engrais, l’exécution de travaux mécanisés, le transport et la commercialisation.

La création de liens de ce type a permis de promouvoir un développement régional soit autour de sociétés d’État ou d’économie mixte comme la Sodepalme en Côte-d’Ivoire, soit autour de plantations privées comme au Brésil; dans ce dernier pays, les sociétés sucrières sont obligées par la loi de traiter la canne produite par les paysans jusqu’à un certain pourcentage de la capacité de leurs usines.

Au total, on voit qu’il n’existe pas une antinomie fondamentale entre l’agriculture de plantation et le développement du monde rural.

Encyclopédie Universelle. 2012.